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The Montreal Touch
Marie Bergeron est comme qui dirait une habituée de Geek-Art, présente dès la première anthologie. Nous avons toujours été fan de son travail, dès la première heure. Aussi, il convenait de revenir un peu sur sa carrière, ses techniques de travail, bref tout ce qui fait que Marie parvient à continuer de créer des illustrations magnifiques, avec un style si unique.
Bonjour Marie, est-ce que tu pourrais te présenter un peu à nos lecteurs ?
Avec grand plaisir ! Marie Bergeron, illustratrice à mon compte et ce depuis plus de 10 ans. Je réside à Montréal, une ville dont je ne pourrais pas me passer. Une ville très inspirante et très riche en culture. L’art fait partie de ma vie depuis toujours. J’ai été rapidement charmée par le cinéma, l’image, l’affiche en général mais sans savoir que le tout me mènerait à ce job passionnant. Consciente de ma chance, ça m’en prendrait beaucoup pour changer de boulot. Ça vaut tout l’or du monde pour moi.
Quel est ton parcours scolaire et comment as-tu choisi l’art comme carrière ?
Avant d’entrer dans la grande école de Design Graphique à Montréal, j’ai étudié également en Cinéma et Communication et ensuite en Art pendant 1 an. Je ne voulais évidemment rien savoir du côté cartésien des études. Je voulais avant tout créer. C’est un sentiment de liberté chez moi alors c’était très important de rencontrer cet idéal. Alors c’est en 2005 que je fit mon entrée en Design Graphique à l’Université du Québec à Montréal. Une école très réputée mondialement. On y retrouve la crème de la crème, des professeurs dignent de leur nom et réputation. Probablement les années les plus importantes de ma vie en tant que créatrice. Je ne m’attendais pas à me retrouver face à tant de défis, certains très difficile, d’un domaine que je CROYAIS connaître.
J’ai ensuite pris un chemin méconnu pour moi, à l’époque: l’illustration. Je suis tout de suite tombé en amour avec ces cours. Il y avait une simplicité intouchable et un rapport avec l’image et le message qui ne peut se comparer. C’est de là que j’ai tout suite voulu entreprendre cette route du côté professionnel. Je savais que cela n’allait pas être facile, mais j’avais un support venant de mon entourage qui m’a énormément aider à entreprendre mon rêve. Je me suis donc lancé dans le vide.
Comment te décrirais-tu en tant qu’artiste ?
Professionnelle avant tout. Je le fais beaucoup plus sur un contexte de job (un job que j’aime bien sûre) qu’un passe temps. J’adore ce côté entrepreneurial, cette relation avec le client. Sinon, je me base énormément sur l’univers geek dans mes temps libre. Je suis également une personne très curieuse visuellement. Donc je m’enrichie beaucoup d’images autour de moi. Toujours à la recherche de ce qui plaît sur le moment, le “trend” en gros. Je m’adapte le plus possible à ce que je voie et à ce qui me plaît. C’est une certaine évolution.
On sent beaucoup d’inspirations dans ton travail venant de la pop culture : cinéma, comics, jeux vidéos… Peux-tu nous en dire un peu plus sur tes influences pop et traditionnelles ?
Alors comme je disais, très jeune j’avais déjà cet attirance naturelle envers le cinéma. Ensuite les jeux vidéos. Mon frère a été une grande influence en fait. Je regardais souvent ce qu’il visionnait ou ce à quoi il jouait à l’époque. Alors oui, j’ai vue pour la première fois Alien à l’âge de 7 ans. Disons que je ne suggère pas cela à cet âge, je fut complètement terrifié pendant un bon 2 semaines, mais maintenant il s’agit d’un de mes films préférés. Je me souviens également de transcrire ou copier des images, très jeune, de cover de VHS ou d’affiche qui me plaisait. Faut dire que j’étais fait pour cette job…
Comment t’es tu plongé dans le fan art de manière professionnelle pour la première fois ?
En fait, la première fois que j’ai fais le mélange de l’illustration et le fan art de façon plus concrète, c’était pour mon projet final de mon baccalauréat. J’ai créer un livre qui compilait mon top 20 des meilleurs films de la dernière décennie, et ce en image illustrée accompagné de texte. Je me suis donc dit que publier ce livre en ligne pourrait être le début de quelque chose. Et bien, à ma grande surprise, le livre a fait un peu de chemin. Et je dois dire que le timing était parfait, entre-autre. Durant ce temps, 2 nouvelles galeries, maintenant bien connues (Bottleneck à New York et Hero Complex à Los Angeles) ouvraient leurs portes pour la toute première fois dans les mois qui suivait cette publication. Les 2 propriétaires m’ont donc contacté pour faire partie de leurs premières expositions. Voilà. Ce fut le début d’une longue et fructueuse carrière. Je dois à ces gens beaucoup plus qu’ils ne croient.
Tu as participé à de multiples expositions collectives et individuelles. Te souviens-tu d’une exposition individuelle préférée dont tu pourrais nous parler ?
J’ai fais partie de plusieurs expos. Toutes aussi importantes les unes que les autres. Mais 2 en particuliers que je n’oublierais jamais. La première fût l’expo des “artistes en devenir”. Nous n’étions que 10 artistes qui, d’après le proprio de Hero Complex, allait devenir des affichistes importants dans les années qui suivent. L’expo fut un grand succès. J’avais réalisé 4 portraits grandeur natures de personnages très connus de Tim Burton. Ces images continuent, encore aujourd’hui, d’apparaître un peu partout. Ensuite, la deuxième expo très importante, ce fut ma première expo solo. J’ai eu la grande chance d’être invitée à faire ma propre expo à la Galerie 1988 à Los Angeles.
Quelles sont tes journées typiques en studio ? As-tu des habitudes ou des petites manies dont tu ne pourrais pas te débarrasser ? Quel est ton processus créatif pour une nouvelle illustration ?
Je crois qu’à la base, quand on est à son compte, il faut beaucoup de discipline donc les habitudes embarquent très rapidement dans le quotidien. Je ne travaille jamais sans avoir prise ma douche et mon café. C’est la clé ! Sans ça, mes journées commencent très mal. J’ai également mes petites habitudes de nettoyer ce qui traîne de la veille, m’occuper de mon chien etc. Tout ça, ce sont des habitudes que j’ai prise. Pour la création, oui j’ai aussi un pattern. Avant de commencer les esquisses d’un projet, je fais toujours mes recherches sur quelques sites, entre-autre, Pinterest, Behance et parfois Dribbble. Je tente de m’inspirer le plus possible. Par la suite, j’embarque dans la phase brainstorming et les esquisses. Après un choix déterminant, je commence le final.
Quelle serait l’œuvre de ton portfolio dont tu es la plus fière et pourquoi résonnet-elle particulièrement en toi ?
J’en ai plusieurs. Certaines plus professionnel et d’autre du côté personnel. Professionnel, je crois que dois beaucoup à Ubisoft. J’ai eu un plaisir fou de travailler avec cette équipe. Ils ont eu une grande confiance en ce que je faisais et, surtout venant d’une grande compagnie comme eux, je ne m’attendais pas à autant d’ouverture. J’ai également bien aimé travailler sur la re-publication des films de Takeshi Kitano en Blu-Ray. 5 au total. Le dernier mandat qui m’a été offert dont je n’avais aucune idée de l’impacte, fut l’affiche de Parasite.
Le film était tout juste reconnu au festival de Cannes et celle-ci à transpercer les réseaux sociaux et les médias. Perso, je crois que je ne peux pas passer à côté de l’affiche The Godfather. Du côté conceptuel, c’est ma plus forte. J’ai eu un clic un matin, et maintenant elle est grandement apprécier dans l’univers des affiches. J’ai aussi une grande fierté pour The Shining, et celle de Blade Runner 2049.
As-tu fait des rencontres artistiques qui t’ont marqué ?
Ça semble peut-être con à dire…mais les rencontres les plus importantes sont ceux qui viennent me voir en personne aux Comic-Con ou à des expos. C’est un peu comme recevoir une pelleté d’amour. Ça fait du bien à l’âme disons. Et ce sont des gens qui apprécient les mêmes choses, donc la discussion est souvent facile et joviale.
Quel est ton rapport à la pop culture, entre hier et aujourd’hui ?
Le regard que je porte sur un film ou un jeu, par exemple, n’est définitivement pas le même qu’avant ma carrière. C’est surtout ça.
Quel serait le rêve parfait si tu devais travailler officiellement sur une franchise ?
Je rêverais de faire une affiche officielle pour Tarantino ou Villeneuve. Sinon, l’idée d’être directrice artistique d’un jeu vidéo me traverse souvent l’esprit.
Quels sont tes projets en cours… Et les projets futurs ?
Je ne peux pas aller trop en détail du côté professionnel. Mais pour l’instant, ça reste, en général des projets de couvertures de livres, albums de musique, affiches promotionnelles etc. Il y a quelques projets pour la télé, mais avec la pandémie, disons que tout ce domaine est au ralenti. À suivre !
Pour finir, aurais-tu des conseils à donner pour la future génération qui souhaiterait travailler dans le graphisme ou l’entertainment ?
Croyez en ce que vous faites. Ne baisser pas les bras, même si tout semble ne pas avancer à la vitesse que vous voulez. La patience est très importante. Surtout dans ces domaines, tout est plus long. Soyez créatifs. Sortez du lot. Soyez vous même. Ne tentez pas d’imiter ce que vous aimez, mais plutôt inspirez-vous. Et sachez, que tout artiste, fait des erreurs. Nous faisons tous de la merde…alors apprenez à rectifier votre tir et à apprendre de ceux-ci.
En bref :
Ton film préféré ?
The Shining
Ton livre préféré ?
Alyss de Patrick Sénécal
Ton comics/bd/manga préféré ?
Je suis pas très comics….bizarrement. Mais sinon je dirais que je suis surtout attaché aux BD de Blacksad.
Ton jeu-vidéo préféré ?
Ohlala…..il y a beaucoup de classics dans cette liste. Mais le jeu qui m’a fait vivre le plus d’émotion est définitivement Last of Us, le 2ième volet également. Je pense d’ailleurs à en faire une affiche. Mais l’idée ne me vient pas pour l’instant.
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