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Dans cette série d’articles à destination de Geek-Art +, la newsletter payante de Geek-Art, je vous ferai découvrir ou redécouvrir ces femmes et ces hommes qui ont su donner vie aux univers de fantasy et de science-fiction qui nous ont tant marqués. Qu’il s’agisse de licences comme Magic, Warhammer ou Donjons et Dragons, de livres ou de films cultes, ces artistes ont su photographier ces univers pour les imprimer à tout jamais dans l’imaginaire collectif des amateurs de culture de l’imaginaire. Madeleines de Proust pour les vieux briscards de la pop culture comme moi, ces artistes méritent d’être mis en avant encore aujourd’hui. Dans ces articles, je vous présenterai ceux qui m’ont particulièrement marqué. Et il y en a beaucoup ! Bienvenue dans Les Archives des Fondateurs cette nouvelle série Geek-Art + dédiée aux Grands Maîtres de l’illustration fantastique !
Ian Miller : le Carnaval du Grotesque
Si tout comme moi vous avez atteint un âge vénérable, vous connaissez sans aucun doute le trait de Ian Miller. Cet artiste britannique a en effet marqué de son style unique les années 80 pour les plus nerds d’entre nous. Des Livres Dont Vous Etes le Héros en passant par Lovecraft, Warhammer ou aux cartes Magic the Gathering, Ian Miller a définitivement marqué mon jeune esprit. Habitué à l’époque aux couvertures glorieuses de Donjons et Dragons et aux affiches de films, le style de Ian Miller a eu l’effet sur moi d’une persistance rétinienne. Ses monstres grimaçants, ses corps alambiqués, son univers à la limite de Salvador Dali… J’étais pour la première fois confronté au surréalisme horrifique. Ian Miller a débloqué en moi un amour pour l’étrange, une attirance pour le freak, et une admiration pour les artistes qui vont au bout de leur vision. Il était plus que naturel pour moi de consacrer quelques lignes à ce monument de la fantasy !
Né en 1946, Ian Miller est un illustrateur et écrivain britannique, dont le style macabre et grotesque a marqué toute une génération de jeunes amateurs de fantasy et de fantastique. Fils d’une costumière pour le théâtre et le cinéma, il baigne dès son plus jeune âge dans un univers artistique et créatif. Un environnement familial qui va développer en lui des envies de narration et un amour pour les cultures de l’imaginaire en général. Sa mère, encore elle, l’emmène également régulièrement au cinéma, et le petit Ian dispose d’un coffre à jouet fantastique et illimité : les accessoires et les vêtements provenant de l’activité de sa mère.
Rapidement, il développe une passion pour la peinture et le dessin qui l’accompagnera toute sa vie. Les affiches des centaines de films de cinéma qu’il voit avec sa mère ne sont sans doute pas pour rien dans cette passion pour l’illustration qui le mènera à occuper les bancs de la Saint Martin’s School of Art de Londres, de laquelle il sortira diplômé avec mention en 1970. Il entre alors dans le monde de l’illustration professionnelle ! Ça a l’air si simple, raconté comme ça… C’est sans doute le talent, me direz-vous. Quoi qu’il en soit, un agent artistique londonien le repère très vite et le prend sous son aile. Ian commence alors sa carrière en illustrant notamment des couvertures de livres. J’imagine que vous ne serez pas surpris, en observant son style, que les univers hallucinés de Lovecraft feront partie des premières commissions de sa carrière !
Les années passent, et la carrière de Ian Miller commence à décoller. Il est par la suite approché par Ralph Bakshi. Ce dernier est un réalisateur de films d’animation hors du circuit mainstream, connu notamment pour sa version animée du Seigneur des Anneaux en 1978. Avant cela, en 1977, il travaille sur Wizzards, un film d’animation à la fois fantasy et post-apocalyptique pour lequel il embauche Miller. Un premier pas dans le monde du cinéma pour lequel il travaillera encore plusieurs fois plus tard dans sa carrière.
Mais ne nous voilons pas la face, si la plupart d’entre nous connaissent son trait si caractéristique, c’est pour sa participation à certains univers piliers de la fantasy des années 80. Je pense à certains livres dont vous êtes le héros de la série Défis Fantastiques, dont il a fait des couvertures et des intérieurs (Le Manoir de l’Enfer me traumatise encore aujourd’hui), mais également au magazine White Dwarf, qui présentait les mondes de Warhammer de la société encore jeune à l’époque Games Workshop. Il s’investira par la suite énormément dans les mondes de l’imaginaire, que ce soit via les jeux de plateau ou les jeux de rôle (il a notamment marqué de son style des jeux comme Shadowrun ou Earthdown) ou encore le fameux jeu de carte Magic the Gathering.
Ces formes si particulières, ces personnages si étranges et dérangeants, me donnent parfois l’impression de regarder un tableau de Jérôme Bosch revisité par Dali. Il règne dans les tableaux et les peintures de Ian Miller une impression étrange de surréalisme infernal, d’autant plus quand les personnages vous regardent droit dans les yeux. Pas étonnant que ces oeuvres aient tant marqué le jeune pré-adolescent qui lisait des livres dont vous êtes le héros !
Le style de Miller est assez facilement reconnaissable. L’illustrateur britannique a en effet su très tôt développer un style bien à lui. Entre grotesque et horreur, entre fantastique et onirisme, le monde de Ian Miller n’est semblable à aucun autre. Se plonger dans une fresque de Miller, c’est entrer dans un véritable cauchemar à la géométrie parfaitement maîtrisée. Si de loin les personnages et les paysages semblent flous et fouillis, c’est en y regardant à deux fois que notre cerveau embrumé réalise à quel point Miller se soucie du détail. Ses oeuvres sont une véritable dentelle, et chaque élément semble avoir une vie propre. Ses personnages, ses paysages sont faits d’une inextricable multitude de traits, de points, de liés. Lorsque l’on y regarde de près, on a l’impression de plonger dans un univers sous-marin, dans lequel grouille une multitude d’algues et de coraux multicolores.
Ian Miller fait partie de ces artistes étant restés fidèle à leur univers tout au long de leur carrière, il est impossible de se tromper quand on tombe sur une de ses pièces, et l’on est immédiatement happé par ces couleurs, ces formes et ces visages qui nous emmènent dans un univers absurde et cauchemardesque, à la fois lovecraftien et complètement fou. Un véritable carnaval du grotesque et de l’horreur dans lequel j’aime particulièrement me perdre… Et vous ?
Il ne vous reste plus qu’à vous perdre à votre tour dans le carnaval du grotesque de Ian Miller, notamment en fonçant vous abonner à son Twitter ou en allant visiter son portfolio !
Qu’avez-vous pensé de cet article ? N’hésitez pas à nous en parler dans les commentaires !