NOTE DE L’AUTEUR :
No Man’s Kingdom est une série de textes se situant chacun dans le même monde. Un épisode paraît toutes les deux semaines, illustré par le talentueux Ronan Toulhoat et écrit par votre serviteur, Thomas Olivri. Nous vous conseillons, si vous débutez dans cet univers, de commencer par l’épisode 1 de la saison 1. Pour cela, il vous suffit de cliquer sur “No Man’s Kingdom” dans le menu du haut de la page d’accueil. Chaque épisode se veut une histoire courte complète à lire en quelques minutes durant votre trajet de bus, de tram, en buvant un café. Ces épisodes se répondent ou se complètent, certains personnages ou lieux se retrouvent et se croisent... Le No Man’s Kingdom est un monde en constante évolution. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires ici ou sur les réseaux et surtout à partager le projet autour de vous ! Bonne lecture !
Thomas Olivri
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La poussière fouettait le visage de Rhina. Aux commandes d’un chariot tiré par 4 puissants chevaux, elle tentait tant bien que mal d’échapper à ses poursuivants. A ses côtés, en train d’essayer de recharger une arbalète céleste malgré les cahots, Herkos jurait. L’homme, grand et puissamment bâti, était peut-être bon en cuisine et en bagarre, mais pas pour recharger une arme dans l’urgence d’une course poursuite avec la pire espèce de pirates qui soit. Les Khans avaient fondu sur la caravane comme un vol d’aigle sur un troupeau de brebis. Pourtant ces brebis là étaient sévèrement gardées. Tout un contingent de la Guilde des Tutélaires était présent pour préserver la Caravane de Vent, le plus grand marché roulant du monde connu.
Partie de la lointaine Khanbalik, par delà les steppes de l’Estia Tartare, la caravane était composée de centaines de chariots, allant du simple attelage à la monstruosité sur roue propulsée par des moteurs célestes. Rhina et Herkos voyageaient quant à eux dans une vaste roulotte en bois bardée de métal et tirée par des chevaux. Une roulotte qui leur faisait office de foyer sur roue durant les longs mois de traversée d’Est en Ouest une partie de l’année, puis d’Ouest en Est le reste du temps. Tous deux étaient cuisiniers, et leur restaurant roulant était très prisé par les membres marchands de la caravane. Ils servaient jour et nuit, que la caravane soit stoppée (il fallait bien reposer les chevaux et jeter un œil aux moteurs célestes de temps en temps) ou en marche. Un mode de vie qui leur convenait tout à fait. Les deux estiens s’étaient trouvés quelques années auparavant lors d’une aventure dont ils préféraient ne plus parler ni en public ni entre eux, mais qui les avaient lié à jamais, et qui les avait amené à se retrouver restaurateurs dans la plus glorieuse de toutes les caravanes marchandes.
Une carrière qui risquait de prendre fin brutalement, sous les coups des pillards khan et de leur violence légendaire. Rhina n’en revenait toujours pas. Une demi-heure auparavant, elle se demandait encore si le ragoût de chèvre qu’elle avait prévu pour le service du soir n’allait pas manquer d’épices. A présent, elle se demandait si sa tête n’allait pas bientôt orner l’un des chariots de guerre de ses poursuivants.
“On ne va pas pouvoir distancer ces charognes bien longtemps, les chevaux n’en peuvent plus !” hurla-t-elle en postillonnant. Sa longue chevelure d’ébène, en partie tressée, lui couvrait à moitié les yeux sous l’effet du vent tourbillonnant. “Ils sont combien derrière ?”. Herkos, qui avait enfin réussi à charger son arbalète céleste, s’était relevé et avait pris appui sur l’échelle qui menait au toit de leur immense roulotte. En quelques pas assurés, il avait grimpé les quelques marches qui le séparaient du toit et armait son arme. De là-haut, il pouvait voir leurs poursuivants sans se faire voir par eux. S'agrippant à la rambarde de l’échelle métallique afin de ne pas tomber, il arma consciencieusement son arbalète. Le fuselage d’un blanc immaculé de l’arme venue d’ailleurs commença à frémir et à ronronner, signe qu’elle était prête à tirer. Herkos visa comme il le pouvait leur plus proche poursuivant : un chariot de guerre propulsé sans nulle doute par un moteur céleste customisé. Sans réfléchir, il appuya sur la détente. Un jet d’un rose électrique sorti du canon de l’arme pour aller toucher de plein fouet l’avant du chariot. Ce dernier fut propulsé dans les airs avec violence avant de se fracasser au sol dans une explosion de poussière et de débris. “Ils sont un de moins !” hurla Herkos à sa conductrice. “Mais j’crois bien que le plus dur est à venir” ajouta-t-il en apercevant un chariot deux fois plus gros émerger du nuage de poussière provoqué par la destruction de son frère de métal. A l’avant de ce dernier, un énorme canon avait été installé, sa gueule béante ayant la forme d’un monstre aux mâchoires d’acier. Pointé directement vers eux, un puissant pieux était prêt à être décoché dans leur direction. “Vire à droite, MAINTENANT” hurla-t-il de toutes ses forces au moment même où le canon gronda.
Rhina avait appris, au fil des ans, à faire une confiance aveugle à Herkos. A peine avait-il terminé sa phrase qu’elle tirait sur les rênes de toutes ses forces en hurlant. Ses chevaux lui obéirent dans la foulée, l’écume s’écoulant de leur gueule et de leurs naseaux. Ils virèrent de bord en une fraction de seconde. Le pieu tiré par le chariot khan à leurs trousses se ficha dans la plaine dans une explosion de terre et d’herbe. Herkos hurla de défi à l’attention des pillards toujours à leurs trousses. Sur le point de tirer à nouveau, il vit alors le chariot rouge et or ralentir avant de faire demi-tour brusquement dans une gerbe de poussière.
“Ils abandonnent ! Ils abandonnent, Rhina, ils nous ont lâchés !” Rhina pu enfin se débarrasser de la mèche de cheveux rendue collante par la transpiration qui lui couvrait à moitié le visage. Ses dents étaient serrées dans un rictus trahissant à la fois sa colère et sa rage. Des larmes de frustration coulèrent sur ses joues et sur son masque. Si les khans avaient renoncé à les poursuivre, c’est qu’ils avaient d’autres proies moins dangereuses qu’eux sur lesquelles se rabattre.
Ses amis, sa caravane, sa vie.
Tout cela était désormais terminé.
Merci d’avoir lu cet épisode de No Man’s Kingdom ! S’il vous a plus, n’hésitez pas à laisser des commentaires ici ou sur les réseaux sociaux, et surtout à partager autour de vous. Rendez-vous très bientôt pour une nouvelle plongée dans le No Man’s Kingdom !
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